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Cultivez des champignons !

MISSION MYCELIUM [révolution mycologique E7]

À Vevey, dans le canton de Vaud, entre les rives du Léman et les montagnes suisses, une ancienne cave à vin accueille une aventure aussi fascinante qu’inspirante : Mission Mycelium.

Ce projet, mené par deux frères passionnés, incarne une nouvelle génération d’agriculteurs urbains. En cultivant des champignons de manière circulaire, locale et artisanale, ils insufflent une belle énergie à la myciculture helvétique.

Une aventure née d’une brasserie et d’un besoin de sens

Tout commence en 2022, pendant la pandémie. Chris travaille alors chez Dr. Gabs, une grande microbrasserie de Suisse romande. L’idée germe de revaloriser les drêches de bière – ces résidus de brassage – en cultivant des champignons.

D’abord, c’est la crinière de lion (Hericium erinaceus) qui colonise les premiers substrats. Les résultats sont convaincants.

Peu à peu, les deux frères élaborent le projet Mission Mycelium, avec l’envie de professionnaliser cette démarche. Sans local fixe, ils envoient des courriers aux communes alentour. C’est la ville de Vevey qui leur ouvre ses portes, en leur proposant une ancienne cave à vin inutilisée. Un lieu de 350 m² sur plusieurs étages, rempli de gigantesques cuves en inox – vestiges d’un rêve viticole inabouti – et désormais promesse d’un avenir fongique.

Une installation low-tech, locale… et sportive

La cave n’est pas un lieu facile. Tout est à porter à la main, sans monte-charge, ni chariot. La verticalité du lieu oblige à l’ingéniosité et à la sueur. Mais pour les deux frères, c’est aussi un moyen de revaloriser un espace patrimonial tout en lui donnant une nouvelle vie.

L’installation se fait progressivement, à l’aide d’un financement participatif : près de 30 000 francs récoltés pour acheter les premières machines et lancer la production.

Aujourd’hui, Mission Mycelium cultive environ 50 kg de champignons par semaine, avec pour objectif de doubler la production à terme. Leur modèle repose sur un ancrage local fort : matières premières collectées auprès d’agriculteurs voisins, livraison dans un rayon de 50 km, substrats compostés en fin de cycle dans la ferme d’origine. Un bel exemple d’économie circulaire appliquée à la myciculture.

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Des champignons gourmets et médicinaux

Mission Mycelium ne se contente pas de pleurotes classiques. Ils explorent une large palette d’espèces : pleurotes bleues, jaunes, roses, estragon, panicaut, mais aussi la crinière de lion, le reishi (Ganoderma lucidum), et d’autres champignons médicinaux. Quelques essais ont été faits avec le cordyceps, et des tests sont en cours sur le maitake (Grifola frondosa) et le nameko.

La priorité est donnée aux champignons à forte valeur ajoutée, moins concurrencés, plus rares, avec des usages gastronomiques ou médicinaux variés. La crinière de lion est l’un de leurs produits phares, tant pour sa valeur culinaire que pour son effet « steak végétal », très apprécié l’été par les chefs.

Les champignons sont principalement vendus à des restaurants locaux, notamment des étoilés ou des établissements en quête de produits originaux. Les particuliers peuvent aussi venir directement à la champignonnière, ou commander en ligne.

Le substrat : au cœur de l’autonomie

Contrairement à beaucoup de producteurs qui achètent leur substrat, Mission Mycelium le fabrique entièrement sur place. C’est un choix philosophique autant que technique. « On voulait un produit vraiment local, et maîtriser toute la chaîne », explique l’un des frères.

Le substrat est fait à base de pellets de bois résineux (sapin local) et de son de blé bio récupéré dans une ferme voisine. Les proportions ont été ajustées au fil des tests : trop de son rend le mélange collant, difficile à coloniser. Finalement, une formule avec 15 % de son semble la plus stable. Ce substrat maison permet aussi une meilleure flexibilité, moins de dépendance logistique, et une valorisation maximale des déchets locaux.

L’espace, les tentes, et les rêves inoxydables

Dans la cave, les cultures se font dans des tentes montées sur le sol brut. Trois tentes tournent en parallèle, une quatrième est en projet. Chaque cycle de fructification dure environ deux semaines. Après récolte, les blocs partent au compost, les tentes sont nettoyées, et le cycle reprend.

Mais le rêve à long terme, c’est d’exploiter les gigantesques cuves en inox, inutilisées depuis leur installation. Parfaites pour un système de culture en vertical, elles offriraient un espace propre, facile à laver, avec un potentiel énorme. Le projet est encore en discussion avec la commune, propriétaire des lieux, mais les frères ne cachent pas leur enthousiasme à l’idée de donner une nouvelle vie à ces infrastructures dormantes.

Entre transmission et expérimentation

Mission Mycelium, ce n’est pas qu’une entreprise de production. C’est aussi un lieu de partage. Les deux fondateurs vendent du mycélium sur grain, rare en Suisse, pour permettre aux particuliers de se lancer. Ils accueillent aussi des stagiaires, des bénévoles, participent à des festivals et expos d’art. L’envie de créer une culture du champignon, au sens large, est bien présente.

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Ils explorent les cultures liquides, les croisements génétiques, les matériaux à base de mycélium. L’expérimentation est constante, avec en filigrane l’envie de bâtir une ferme qui incarne leurs valeurs : local, écologique, artisanal, et curieux.


Mission Mycelium : plus qu’une ferme, un modèle

Ce que montrent les deux frères avec Mission Mycelium, c’est qu’il est possible, même avec peu de moyens, de créer une champignonnière résiliente, ancrée dans son territoire, et fidèle à ses principes.

À travers leurs essais, leurs ajustements, leurs échanges avec les chefs, les agriculteurs ou les amateurs de mycologie, ils participent à dessiner les contours d’une myciculture nouvelle. Une myciculture qui fait sens, qui nourrit, qui recycle, qui explore.

À l’heure où l’agriculture cherche des voies de transition, Mission Mycelium trace un chemin inspirant. Et on espère que ce n’est que le début.

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