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Lors de cet épisode spécial de mon podcast Révolution Mycologique, j’ai rencontré Armand, un ancien producteur de champignons basé à Lyon, pour échanger autour de son parcours entrepreneurial en myciculture. Son histoire est captivante parce qu’elle ne ressemble pas aux récits de réussite habituels. Au contraire, Armand a fermé son entreprise après quelques années d’activité, une décision difficile mais qui révèle des leçons précieuses pour ceux qui s’intéressent à la culture des champignons et aux défis de l’entrepreneuriat.
Des débuts prometteurs dans la myciculture
Armand m’a raconté qu’il a développé très tôt une passion pour les champignons. Originaire de Touraine, il avait l’habitude de faire de la cueillette chez sa grand-mère. En s’installant à Lyon, il a réalisé que la cueillette n’était pas aussi facile dans une grande ville. C’est alors qu’il a découvert la culture des champignons en intérieur. Intrigué par cette idée, il a commencé à expérimenter chez lui avec des méthodes hydroponiques et quelques équipements de base comme un stérilisateur à bocaux et des sacs en plastique. Au départ, il testait différentes espèces : pleurotes, shiitakés, chestnut, etc. Il était curieux de voir ce qui pousserait le mieux. Si vous êtes débutant comme lui à l’époque, je vous conseille de consulter cet article sur le matériel de base pour débuter en myciculture.
Rapidement, Armand a décidé de transformer cette passion en un projet entrepreneurial. En 2020, il a trouvé une cave de 200 mètres carrés dans les environs de Lyon, où il a aménagé son espace de culture. Sa première stratégie était intelligente : il achetait du substrat déjà préparé chez Bruno Henry pour assurer un revenu constant, tout en développant son propre substrat pour d’autres variétés. Cette approche lui permettait de ne pas dépendre uniquement de ses essais et erreurs, surtout lors des premières phases de production.
Le défi de la pasteurisation et des cycles de production
Au début, tout se passait bien. Les champignons poussaient, les restaurants étaient intéressés, et il parvenait à vendre une partie de sa production sur des marchés locaux. Armand se souvient d’avoir généré entre 3 000 et 5 000 euros de ventes mensuelles lors de ses meilleurs mois. Cependant, comme dans beaucoup de projets agricoles, les défis techniques se sont rapidement imposés.
L’un des plus grands obstacles rencontrés par Armand concernait la pasteurisation. Il expliquait que s’il ne maîtrisait pas parfaitement cette étape cruciale, ses cultures pouvaient être contaminées par des bactéries, ce qui annulait parfois des semaines de travail. De plus, produire son propre substrat tout en assurant des ventes régulières était une tâche épuisante. Les cycles de production étant longs, le moindre problème dans le processus retardait la croissance de nouvelles cultures, ce qui affectait directement son chiffre d’affaires. Armand avoue qu’il n’a pas pris assez de notes sur les différents paramètres de production, ce qui a rendu difficile l’identification des causes de certains échecs.
Si vous souhaitez en savoir plus sur les méthodes de pasteurisation efficaces, voici un article qui vous expliquera les méthodes de pasteurisation à chaud.
Le champignon étant un organisme vivant, il ne pardonne pas les erreurs. « Si tu rates une étape dans la pasteurisation ou la culture, c’est plusieurs mois de production qui sont perdus », m’a-t-il confié. Et dans une entreprise comme la sienne, où les délais étaient serrés, cela avait un impact énorme. Armand m’a également parlé des spores, en particulier ceux des pleurotes jaunes, qui peuvent envahir une pièce en un rien de temps. Il m’a raconté que certaines nuits, sa cave se retrouvait littéralement recouverte de spores, obligeant à des nettoyages constants pour éviter tout problème de santé.
Les erreurs stratégiques et les leçons apprises
À cela s’ajoutait la complexité de gérer plusieurs variétés de champignons. Armand avait rapidement compris que certaines espèces, comme les pleurotes, sont plus robustes et plus faciles à cultiver que d’autres, comme le shiitaké. Le shiitaké, par exemple, nécessite un cycle d’incubation beaucoup plus long, ce qui multiplie les risques d’erreurs. Une mauvaise gestion de l’humidité ou un changement de température peut ruiner une récolte entière, ce qui est d’autant plus dévastateur pour un petit producteur.
Il a appris de ses erreurs au fil du temps, et si vous souhaitez éviter certaines des erreurs les plus fréquentes, je vous recommande cet article sur les 10 erreurs à éviter en myciculture.
Malgré ces difficultés, Armand est parvenu à maintenir son activité pendant plusieurs années. Il se souvient d’avoir optimisé son espace de production en installant deux salles distinctes : une ventilée pour les pleurotes et une quasi-hermétique pour d’autres variétés plus sensibles. Toutefois, même avec ces ajustements, il n’a jamais réussi à atteindre le seuil de rentabilité qu’il s’était fixé, notamment parce qu’il avait besoin de produire 350 kilos par semaine pour équilibrer ses finances. Malheureusement, ses productions n’ont jamais été suffisamment régulières pour répondre à cette exigence.
L’un des moments décisifs pour Armand a été lorsqu’il a réalisé qu’il n’arrivait pas à maintenir une qualité de substrat suffisante pour les variétés les plus sensibles comme l’héricium. Cela l’a forcé à repenser son modèle. Il m’a dit que s’il devait recommencer aujourd’hui, il se concentrerait uniquement sur les pleurotes, une espèce plus simple à cultiver, avec des cycles de production plus courts et plus tolérants aux erreurs.
La décision de fermer : un nouveau départ
Malgré tout le travail acharné, Armand a dû se résoudre à fermer son entreprise en février 2024. Il travaillait alors avec son frère, mais les deux étaient épuisés par le rythme et la pression des résultats. À la fin, les ventes ne pouvaient plus compenser les coûts de production et les erreurs qui se multipliaient. « C’est dur de voir tout s’effondrer après tout ce que tu as investi, » m’a-t-il confié, mais il est resté lucide sur sa situation. Pour lui, il y a eu des erreurs stratégiques, comme viser trop grand trop vite, mais il a aussi appris énormément de cette expérience.
Aujourd’hui, Armand a décidé de revenir à son métier d’origine, la comptabilité, et de laisser derrière lui l’aventure de la myciculture. Cela dit, il ne regrette pas l’expérience et encourage ceux qui souhaitent se lancer à bien se préparer. Son principal conseil : « Commencez petit, maîtrisez d’abord les bases avec une seule variété comme la pleurote, et assurez-vous d’avoir un bon local avant de penser à l’expansion. »
Conseils pour les futurs myciculteurs
Cette conversation a été particulièrement riche pour moi, car elle montre que l’entrepreneuriat en agriculture, et en particulier dans la culture des champignons, n’est pas qu’une question de passion. C’est un équilibre délicat entre technique, rigueur et gestion des imprévus. L’histoire d’Armand prouve qu’il y a autant à apprendre des échecs que des réussites, et qu’il ne faut pas avoir peur de réajuster ses plans en cours de route.
Je ressors de cet échange avec beaucoup d’humilité et de gratitude pour la sincérité avec laquelle Armand a partagé son expérience. J’espère que son témoignage pourra servir de leçon à ceux qui envisagent de se lancer dans la culture de champignons. Si c’est votre cas, prenez le temps de bien vous préparer et ne sous-estimez pas les défis techniques liés à ce type de production.